A déguster sans modération
Cet ouvrage est né d'une préoccupation par rapport à l'importante diminution des espaces de dialogue et de réflexion dans les milieux d'intervention dans lesquels les psychoéducatrices et psychoéducateurs sont appelés à travailler. Il souhaite décrire différents modèles de pratiques réflexives ; (re)valoriser l'apprentissage par l'expérience et lui (re)donner une importance complémentaire au savoir scientifique ; sensibiliser à l'importance des espaces de réflexion et de dialogue pour apprendre dans et sur l'action ; aider les étudiantes et étudiants en psychoéducation, ainsi que les psychoéducatrices et psychoéducateurs à développer l'habitude d'utiliser des moyens pour prendre du recul par rapport à leurs interactions en stage de formation ou dans leur pratique.
Ce livre contient 9 chapitres, rédigés par 15 intervenantes, intervenants, chercheuses et chercheurs, qui présentent les fondements des pratiques réflexives, des illustrations de pratiques réflexives réalisées dans différents contextes (organismes communautaires Famille, milieux scolaires, milieux éducatifs en petite enfance et centres intégrés de santé et de services sociaux) et des applications concrètes de ces pratiques en psychoéducation (en contexte de supervision et dans un groupe de codéveloppement).
Pouvons-nous réellement (ré-)habiter notre condition terrestre sans faire face à ce qui se joue au plus profond de nous-mêmes ? Si le capitalisme continue obstinément d’orchestrer une croissance économique mortifère et insoutenable, c’est qu’il se sert adroitement de nos fragilités existentielles. L’économie est en effet traversée d’enjeux tenaces et profondément enfouis, le plus souvent invisibles, comme le déni de la mortalité, la peur de la fragilité et de la souffrance, et l’angoisse du manque et de l’annihilation, qui peuvent court-circuiter notre capacité d’empathie et notre conscience environnementale pour faire de nous des êtres peu clairvoyants, impulsifs et parfois destructeurs.
La transition écologique implique dès lors non seulement des réformes structurelles de grande ampleur, mais aussi notre réinvention profonde en tant qu’êtres humains : nous avons à devenir lucides concernant les vulnérabilités existentielles qu’exploite en nous, à notre insu, le capitalisme croissanciste. Notre plasticité anthropologique nous aidera à y travailler collectivement, par des solutions non consuméristes ouvrant des horizons d’expérimentation radicale.
C’est de cette mutation humaine et d’un nouveau rapport à la mort, donc à la vie, que pourra émerger, grâce à une réconciliation avec notre finitude et celle de la Terre, une existence écologique post-capitaliste.Christian Arnsperger, économiste, est professeur à l’Université de Lausanne. Il interroge les dimensions anthropologiques de la croissance économique et les conditions de possibilité d’une transition écologique. Il a notamment publié Critique de l'existence capitaliste. Pour une éthique existentielle de l'économie (Cerf, 2005), Éthique de l'existence post-capitaliste. Pour un militantisme existentiel (Cerf, 2009) et Écologie intégrale. Pour une société permacirculaire (avec D. Bourg, PUF, 2017).
Atouts indéniables pour le contrôle des routes commerciales et les jeux de pouvoirs qui leur sont corollaires, les outre-mer restent perçus comme des étrangetés périphériques, plus ou moins éloignées et exotiques.
Ce sont pourtant des lieux-clé où des visions du monde se rencontrent, s'affrontent et se confrontent. Ces points à peine visibles sur la carte sont des relais de puissance et d'influence : réservoirs de main-d'oeuvre bon marché, laboratoires d'expériences médicales et militaires, rampes de lancement, lieux d'internement abusif, sites de stockage, faire-valoir touristique ou écologique... les territoires ultramarins forment un empire en pointillé et, paradoxalement, la géopolitique ne leur a guère accordé d'attention.
À l'heure de la mondialisation et de la compétition sino-américaine pour le leadership mondial, Fred Constant analyse comment ce processus de reconfiguration spatiale des puissances confère à certaines de leurs extensions territoriales de nouvelles vertus stratégiques.
D'Harry Washington, on sait peu de choses. On ignore son vrai nom, on ne connaît ni sa date, ni son lieu de naissance, ni comment il est mort.
Né en Afrique, capturé, il traverse l'Atlantique dans les cales d'un navire négrier. Vendu à un planteur de la Chesapeake Bay, il est ensuite acheté par George Washington. Engagé pendant la guerre d'indépendance aux côtés des Anglais qui avaient promis la liberté aux esclaves qui combattraient dans leurs rangs, réfugié en Nouvelle-Ecosse après la défaite, il se porte ensuite volontaire pour fonder une colonie britannique au Sierra Leone et fait ainsi le voyage retour vers l'Afrique. Il participe à une insurrection contre l'administration britannique, est arrêté, jugé, expulsé de Freetown. La suite nous est inconnue.
C'est à cette figure de l'esclave fugitif et à sa quête de liberté que ce livre rend hommage, à cet homme debout, combattant pour ses droits et sa liberté avec courage et un engagement hors du commun. Au travers de ce destin singulier, c'est aussi à la découverte du « Monde atlantique » que nous invite Thierry Paulais.
Mulhouse, mars 2020. Adrien Biassin, jeune chercheur de 29 ans, vit les signes précurseurs de la pandémie de Covid-19 avant de se retrouver pris au coeur de la tempête. D'un coup, sa vie bascule dans le confinement, marqué par le rythme des informations, du premier hôpital militaire déployé en France depuis la Seconde Guerre mondiale et des hélicoptères qui vrombissent sans cesse à quelques centaines de mètres au-dessus de chez lui.
Alors que l'étau des mesures gouvernementales se resserre, il décide de braver l'interdit du premier confinement, enfourche son vieux vélo et part en autonomie complète sur les chemins de la liberté avec son compagnon de route, Manu, pour rejoindre sa famille dans le sud de la France.
Ce récit entremêle aventure, introspection et réflexions sur l'Histoire, la condition de l'homme à l'ère de l'anthropocène et l'Etat sécuritaire. Un témoignage inédit sur la pandémie que nous avons vécue, qui appelle au courage, à la résilience et à la liberté.
L'obésité, les addictions, le réchauffement climatique, la baisse de la fertilité... Avec son expertise, Martin Blachier dresse les grandes lignes des menaces qui nous guettent en raison de l'évolution très rapide de nos modes de vie. Pour nous projeter dans le monde d'après.
Où en est la médecine ? À quels risques ferons-nous face demain ? Quelles sont leurs causes ? Et, surtout, comment s'y préparer ? Martin Blachier décrypte les nouvelles menaces que nous devrons affronter, formule des solutions et annonce la suite.
Car la crise du Covid-19 n'est pas le dernier fléau à devoir s'abattre sur nous. Du dérèglement climatique aux zoonoses, ces maladies venues d'ailleurs, d'autres chocs surviendront. L'État et la science devront s'adapter, et nous aussi. Pourtant, s'il faut anticiper les menaces extérieures, l'essentiel n'est peut-être pas là.
Expert en santé publique, prospectiviste et médecin, Martin Blachier offre une nouvelle approche. Ainsi, nous dit-il, des cancers à l'obésité, en passant par les addictions, la baisse de la fertilité ou la dépression, jusqu'à l'antibiorésistance ou les troubles du sommeil, nos modes de vie sont sûrement les principaux responsables des malheurs à venir.
La réponse doit être collective, bien sûr, mais nos comportements individuels ont aussi un rôle à jouer. Si l'isolement et l'anomie annoncent les troubles futurs, la solidarité, le lien social et le souci d'autrui peuvent nous aider à relever le défi.
Un éclairage indispensable pour comprendre demain. Un livre de salut public.
Format 135 x 210 mm - 200 pages
Le partage du sensible suppose aussi un partage de l'insensible, une insensibilité dont la définition et la valorisation varient selon les moments, les individus et les sociétés. De fait, observer le social au prisme de l'insensibilité s'avère ainsi d'une stimulante et déconcertante fécondité, en temps de grande anesthésie générale.
Qui veut éclairer les ressorts sensibles de la vie sociale doit affronter un jour ou l'autre le vaste continent de l'indifférence, de la désaffection, de l'absence de sentiment. Ce numéro anniversaire de
Sensibilités lui en donne l'occasion. En rappelant, d'abord, que le contraire de l'émotion n'est pas tant la raison que l'insensibilité précisément : aux êtres comme aux choses.
Et l'on songe ici à ces indifférences logées au creux du quotidien. Celles qui se sont installées dans nos vies face à l'incessant chaos du monde, dans nos rues au contact de la misère sociale et affective, au sein de mégalopoles travaillées par la montée de l'individualisme. Mais cette puissance d'inattention trahit aussi, outre nos refus de voir et nos lâchetés partagées, l'anesthésie d'une sensibilité sur-sollicitée par l'information continue.
Observer l'insensibilité, c'est aussi entrevoir d'autres formes de sensibilités, parfois plus aiguës, plus intenses. L'insensibilité d'ailleurs, loin d'être seulement subie, peut être aussi désirée. Elle relève alors d'un travail, d'un façonnement des esprits et des conduites. Qu'il s'agisse des techniques d'endurcissement enseignées dans les casernes, de la distance émotionnelle minimale nécessaire aux soignants à l'hôpital ou encore de la surdité des savants à la souffrance animale dans leurs laboratoires. Plus paroxystique encore : celle de l'ascète, qui s'élève grâce à la négation de son corps ; celle du bourreau, qui ne s'exécute qu'en voulant congédier l'émotion.
L'insensibilité, degré zéro de la sensibilité, vraiment ?
Les milliers de jeunes ouvriers en formation dans le compagnonnage témoignent de la qualité d'une transmission du savoir qui, de siècle en siècle, ne s'est jamais démentie. Sur le marché de l'emploi, cette formation fait ses preuves. L'objectif de cet ouvrage est de montrer dans quelle tradition s'inscrit le compagnonnage. Loin des ambitions intellectuelles ou politiques, loin des idéologies, il représente une culture ouvrière originale : celle d'une transmission directe, entre hommes de métier, d'un véritable art d'être homme dans son travail, par la recherche de l'unité du savoir-faire et du savoir-être, de la main et de la pensée.
Après la Mélancolie du pot de yaourt (2020), Philippe Garnier raconte la folle intimité qui nous unit aux innombrables machines du quotidien.
" Dans les salles des ventes, les habitués du premier rang font monter les enchères par des signaux discrets. Seul le commissaire-priseur repère le léger froncement des sourcils, le clignement des paupières. C'est peut-être ainsi que nous devrons nous adresser aux machines. Chacun disposera de son langage facial qui servira à la fois d'ordre et de signature. L'un fera démarrer son véhicule par une moue dubitative, l'autre allumera son téléphone par un sourire en coin. Il est en effet souhaitable que nous gardions un léger signal extérieur à produire et que nos pensées ne soient pas intégralementlisibles. "
Après
Mélancolie du pot de yaourt, Philippe Garnier entreprend d'ausculter ce grand monde des machines qui nous a déjà absorbés. D'une plume tranchante et sans rien sacrifier à son goût de l'absurde, depuis la douceur inflexible des manivelles jusqu'à l'ennui des gardiens de data centers, il propose autant de rêveries tendres et implacables sur les rouages et les algorithmes qui nous gouvernent.
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" "Les machines façonnent nos gestes et modifient notre vie corporelle', écrit Philippe Garnier. Son essai est riche car il est sobre. L'auteur dit les choses comme il les vit. Les petites intrusions chez Platon ou Simondon ne sont là que pour appuyer le propos par quelques réflexions savantes, mais l'essentiel demeure le vécu. " Laurent Lemire,
Livres Hebdo
" D'une plume tranchante et sans rien sacrifier à son goût de l'absurde, l'auteur propose une rêverie tendre mais intransigeante sur les contrariétés numériques et machinales de notre époque. "
Trois Couleurs
" Traversant avec humour le temps dans les deux sens, ces réflexions livrent notre univers mécanisé à notre étonnement philosophique. "
Philosophie Magazine
Selon le philosophe allemand Ernst Cassirer (1874-1945), être historien, c'est d'abord apprendre à lire. À lire une langue, à déchiffrer un monde, à cartographier un univers mental : celui des hommes et des femmes du passé. Donc, contrairement aux idées reçues, l'histoire n'est pas qu'une affaire de dates, elle est aussi affaire de mots. Johann Chapoutot en a sélectionné 100 pour sensibiliser le grand public à une discipline au coeur du débat d'idées contemporain, et qui s'est construite comme une science, avec son épistémologie (l'historiographie), mais une science bien littéraire, dont l'objet n'est rien de moins que le temps ! Voici le petit livre d'un historien chevronné qui, en amoureux du gai savoir, vous fera entrer dans l'histoire...
L'Europe du XIXe siècle a changé du tout au tout. Elle s'est modernisée, elle s'est industrialisée, elle s'est lancée à la conquête du monde. Politiquement, en revanche, elle est restée assez frileuse. Par peur du changement, amalgamant république et désordres, elle s'est cramponnée à la monarchie. À de rares exceptions - les États-Unis, la Suisse, la France d'après 1870 -, chaque révolution, chaque changement de régime, chaque indépendance s'est soldé par la proclamation d'un nouveau roi et la fondation d'une nouvelle dynastie. Napoléon ayant prouvé au monde qu'on pouvait aussi bien s'emparer d'un trône qu'en hériter, une foule de candidats ont tenté leur chance : cadets frustrés, généraux ambitieux ou aventuriers patentés. En une soixantaine de portraits célèbres (Louis-Philippe, Napoléon III, Maximilien du Mexique, le dernier empereur de Chine) ou méconnus (Othon de Bavière, Faustin de Haïti ou Boris, roi d'Andorre), Pascal Dayez-Burgeon revient sur le parcours de ces candidats au trône, leurs illusions et leurs désillusions. Au-delà des anecdotes, cette «comédie princière» - qui dure de Napoléon à ibn Saoud - brosse le portrait d'une période où la monarchie était une évidence politique et où les têtes couronnées n'avaient pas encore laissé leur place aux comédiens, aux sportifs ou aux étoiles de la toile.
Dans ce récit de guerre d'une rare intensité, le lecteur est plongé au sein d'une unité de combat, lors de l'opération Barkhane. Sa mission : frapper au coeur du repaire djihadiste. Dans l'environnement fascinant du désert, au coeur du territoire touareg, le colonel Dabas, commandant le Groupement tactique désert Ardent, raconte l'action sans relâche de ces hommes d'honneur, que les circonstances extrêmes subliment. Il nous fait partager le danger omniprésent, la prise de risque nécessaire pour remplir la mission, la fraternité d'armes, les joies et les peines. Il plonge le lecteur dans les dunes de sable, sous une chaleur écrasante, où la mort peut surgir à tout instant et où la ruse du tacticien, la bataille de l'infl uence et la force morale sont aussi décisives qu'un canon de 155mm.
À l'heure où la France vient de mettre un terme à Barkhane, Septentrion permet de mieux comprendre la complexité de cette opération et ses enjeux. Un livre à lire absolument sur le sens de la vie et de l'engagement.
Elle fut la dernière grande princesse indienne. Une amoureuse, une femme de pouvoir, une féministe avant l'heure.Issue de deux lignées de maharajas, Gayatri Devi grandit dans l'Inde des années 1920 au coeur de palais somptueux, dont certains comptent jusqu'à 400 domestiques. Courses à dos d'éléphant, chasses à la panthère, lecons d'histoire-géographie délivrées par sa mère à bord d'un petit avion survolant l'Himalaya : la jeune héritière recoit une éducation princière.
Tombée amoureuse du maharaja de Jaipur, elle découvre, en se mariant, la dure loi du patriarcat indien : les femmes doivent rester invisibles et vivent voilées, entre elles. Mais loin d'accepter ce statut, Gayatri Devi révolutionne son rôle d'épouse. Amie intime de la reine d'Angleterre et de Jackie Kennedy, elle crée la première école pour filles au Rajasthan.
Belle, intelligente, résolue, elle sait faire avancer ses idées progressistes, jusqu'à s'engager pour la protection des animaux. Première femme de son rang élue au Parlement, elle défie publiquement Nehru, Premier ministre. Cela lui vaudra l'inimitié de sa fille, Indira Gandhi, qui, parvenue au pouvoir, la jette en prison.
Des fastes des maharajas à la perte de leur influence, du joug britannique à l'Indépendance, de la soumission des femmes à leur tentative d'émancipation, l'histoire de Gayatri Devi est celle d'une princesse insoumise dont le destin se confond avec l'avènement de l'Inde moderne.
De Rédoine Faïd, on connaît l'histoire - son lent glissement vers
la « braquo-dépendance », ses inspirations cinéphiles, l'adrénaline,
la cavale, l'arrestation, la prison et les regrets. Sa réputation de
légende du grand banditisme doit beaucoup à ses deux évasions,
dont la dernière, en hélicoptère, lui vaut aujourd'hui d'être incarcéré
à Fleury-Mérogis, soumis à un isolement et à un régime carcéral
drastiques.
Lorsque Plana Radenovic le rencontre au parloir dans le cadre d'une
interview, Redoine Faïd cumule déjà plusieurs peines, pour près de
trente ans de réclusion criminelle. La correspondance présentée ici
est le fruit d'une amitié de papier qui court depuis trois ans, née
entre un homme destiné à vieillir en prison et une jeune femme
désireuse d'ouvrir une fenêtre sur cet « enfer gris ».
Comment survit-on à l'enfermement 22/24h, dans une cage en
béton de 9m2, sans aucun contact physique humain ni perspective
de liberté ? En entrant ainsi dans le monde de la prison - ce « trou
noir » relégué hors des villes, dans lequel chacun pourrait un jour
plonger - Plana Radenovic nous tend un miroir sans complaisance
de notre société et signe un document qui vient interroger le sens
donné à la peine carcérale et à la réinsertion des détenus.
Le terme " Théorie critique " recouvre les productions intellectuelles d'auteurs aussi variés que Max Horkheimer, Theodor W. Adorno, Herbert Marcuse, Jürgen Habermas, Axel Honneth ou Hartmut Rosa. Ils se sont réclamés d'un même marxisme interdisciplinaire cherchant à diagnostiquer les contradictions de la société capitaliste, au prisme d'une dialectique de la raison. Avec la révolution industrielle et la révolution démocratique, dans le contexte de la grande industrie, de l'État social, des médias de masse et aujourd'hui du néolibéralisme et de la révolution numérique, les idéaux des Lumières se sont heurtés à des formes pathologiques de la raison telles que la domination technocratique, la généralisation des conduites instrumentales et calculatrices ou la diffusion d'images factices du bonheur. Les concepts de réification, de mimèsis, d'agir communicationnel, de besoin de reconnaissance ou encore de résonance permettent de comprendre pourquoi la raison moderne, originellement orientée vers l'émancipation, se trouve en grande partie mise en échec par ses propres formes dégradées. Ce livre offre une synthèse sans équivalent des grands auteurs d'un courant toujours fécond, qui nous aide à interpréter les contradictions du monde contemporain.
Récit de la bataille de Stalingrad, première défaite majeure de l'armée d'Hitler.Stalingrad reste à bien des égards la reine des batailles : par la durée et l'intensité des combats, le nombre d'hommes engagés et perdus, l'importance des enjeux stratégiques et l'exceptionnelle valeur symbolique de son dénouement, l'affrontement homérique de deux dictatures entre Don et Volga représente un tournant unique dans l'évolution de la guerre en Europe.
C'est une suite de hasards, de rapports de forces et d'erreurs de calcul qui a provoqué la concentration progressive des immenses armées le long des rives de la Volga, autour d'une ville dont la valeur militaire était des plus réduites ; c'est aussi l'entêtement de deux dictateurs et la discipline de fer qu'ils ont fait régner parmi leurs troupes qui ont prolongé pendant cinq mois une confrontation unique par son ampleur et sa férocité.
Quatre-vingts ans plus tard très exactement, il est passionnant d'en suivre les péripéties au triple niveau des chefs suprêmes, des commandants d'armées et des soldats sur le terrain.
Le témoignage des combattants, les clichés pris dans les deux camps et les nombreuses cartes permettent de prendre la mesure de ce duel de titans aux confins de l'Europe et de l'Asie qui décide du sort de la guerre.
Une histoire totale de l'armée d'Hitler.De la Wehrmacht, on croyait tout connaître. Vivant sur un mythe formé par Jacques Benoist-Méchin et relayé par des dizaines d'historiens, le public croit en la légende " dorée " de la première armée du monde demeurée invincible, avant de crouler sous le nombre, tout en combattant héroïquement jusqu'au bout sans trop se compromettre avec le nazisme.
Si, comme toute légende, celle-ci s'appuie sur une part réelle - le
blitzkrieg, la pulvérisation des adversaires successifs jusqu'en décembre 1941, une capacité d'innovation forte, notamment dans les chars et l'aviation -, elle n'en est pas moins largement outrée et souvent mensongère.
Pour rétablir " les " vérités, Jean Lopez et son équipe habituelle de rédacteurs nous offrent une histoire globale sans précédent, dont la matrice est forgée d'articles parus dans
Guerres & Histoire, augmentés de nombreuses contributions inédites.
En deux grandes parties (" La supériorité militaire allemande. Etude d'un mythe " et " Les opérations "), l'ensemble raconte toutes les grandes campagnes et batailles (Dunkerque, batailles d'Angleterre,
Barbarossa, Stalingrad, Koursk, Débarquement,
Bagration,
Market Garden, Ardennes, bataille de Berlin, etc.), mais offre de surcroît de riches chapitres plus analytiques disséquant notamment l'héritage intellectuel et opérationnel depuis Frédéric II, les stratégies en vigueur, les logistiques déployées et la qualité véritable des hommes et du matériel. Des témoignages recueillis auprès des vétérans complètent le propos.
Une nouvelle édition de ce futur classique.
Une réflexion à deux voix sur la guerre et la stratégie comme la France n'en a pas connue depuis longtemps.Pourquoi, tout au long des siècles, les généraux ont-ils remporté tant de victoires qui n'amenaient pas la fin du conflit ? Pourquoi le sang versé servait-il si peu les objectifs assignés par le pouvoir à ses armées ? Pourquoi, pour prendre un exemple entre mille, les meilleures armées du monde ont-elles été réduites, entre 1914 et 1918, à un face-à-face aussi désespérant que stérile dans la boue des tranchées ?
Conduire la guerre livre les clés de cette impasse et montre qu'un grand penseur soviétique oublié, Alexandre Svetchine, a montré la voie pour en sortir.
Jean Lopez amène Benoist Bihan à exposer sa pensée sur ce digne héritier de Clausewitz, sa vie, sa pensée et son oeuvre, réflexion mûrie depuis quinze ans et nourrie d'une formidable érudition. Chemin faisant, les deux complices nous offrent une promenade à travers vingt-cinq siècles de conflits. Ils revisitent les batailles dites décisives et l'action de ceux qu'on a présentés comme de grands capitaines. L'ouvrage ne se contente pas d'être historique et critique. En décortiquant l'oeuvre de Svetchine, il expose la solution - l'art opératif - pour que les combats deviennent pleinement utiles à la stratégie et s'harmonisent avec la tactique. Original dans son approche, puissant par ses arguments, plaisant à lire de par sa forme dialoguée, cet ouvrage est totalement original et devrait marquer la pensée militaire d'une pierre blanche.
L'objectif ? Rien moins que le renouvellement de la pensée stratégique, un domaine apprécié du grand public mais qu'il fallait dépoussiérer et mettre à la portée de tous en trouvant le bon équilibre entre théorie et Histoire.
L'art-thérapie et la médiation artistique consistent en un accompa-gnement de personnes en difficulté (psychologique, mentale, physique, sociale, existentielle) qui réalisent des créations artistiques : arts plastiques, scéniques (théâtre et danse), sonores et littéraires. Ce travail subtil, qui prend les vulnérabilités comme matériau, cherche moins à dévoiler les significations inconscientes des productions qu'à permettre au sujet de se créer à nouveau dans un parcours symbolique de création en création. Les interventions d'artistes, de médiateurs artistiques et d'art-thérapeutes s'étendent désormais au champ social et permettent notamment de traiter le problème de la violence contemporaine.
Le vocabulaire psychologique et psychiatrique s'est progressivement enrichi, et le sens de beaucoup de ses mots s'est modifié en raison du progrès de nos connaissances, au point qu'ils peuvent ne plus correspondre à leur usage populaire. Par exemple, «?maniaque?», en psychiatrie, ne signifie pas être très soucieux de l'ordre mais désigne une personne atteinte d'un trouble périodique de l'humeur. Dans ce lexique, chaque terme fait l'objet d'une définition moderne et claire. L'auteur réussit le pari de proposer au lecteur le maximum d'informations en un minimum de place, faisant de cet ouvrage un outil indispensable.
Qui n'a jamais entendu parler du complexe d'OEdipe ? Qui peut encore accuser la fatigue d'être la cause de nos lapsus ? L'oeuvre freudienne est l'une des plus importantes contributions intellectuelles du XXe siècle. Impossible d'en limiter les répercussions à la seule pratique de la psychanalyse. Elle a donné une consistance sans pareil à la phrase de Rimbaud : « Je est un autre. » De cette oeuvre, Jacques André extrait 100 mots comme autant de balises pour s'orienter dans une pensée en mouvement. Des mots qui sont tantôt des concepts (inconscient, refoulement...), tantôt des termes de la langue commune dont la psychanalyse a enrichi ou déplacé le sens (jalousie, mort, négation...). Et parfois des mots qui sont des noms dans la culture de l'homme Freud (Acropole, Hamlet, Léonard de Vinci...).
La technologie, entendue comme la discipline qui étudie les techniques, prend son essor au XXe siècle, grâce notamment à l'apport décisif d'André Leroi-Gourhan. Son oeuvre foisonnante atteste d'une certaine « indiscipline » dans ses approches et ses thématiques. Aux côtés de ses démarches expérimentales et documentaires, il s'entoure de mots-clefs et de concepts tels la « tendance », l'« élan vital » ou la « libération ». Dans un premier temps, Leroi-Gourhan s'investit dans l'étude des « civilisations matérielles », fondée sur les objets, sous l'influence de Marcel Mauss et de Paul Rivet. Une inflexion décisive est donnée à sa pensée par L'Évolution créatrice d'Henri Bergson, et notamment par la figure de l'Homo faber, qui dominera désormais sa pensée technologique. Initialement conçu comme l'élément premier ou primitif d'une dyade paléontologique, l'Homo faber va gagner d'importance dès 1950, lorsque Leroi-Gourhan s'engage à « suivre les gestes, éclat par éclat » pour reconstruire la structure mentale des tailleurs de pierre du paléolithique. Le rapprochement qu'il opère alors entre la technicité humaine, la psychologie comparée et la biologie le mène aux notions de « comportement technique » et de « chaîne opératoire ». Fort de ses acquis scientifiques et de ses inspirations spirituelles, il conjecture une « continuité incrémentale » qui s'étend des premiers Australopithèques jusqu'à l'artisan Homo faber d'aujourd'hui, rapprochant ainsi la nostalgie du passé à la rédemption de l'avenir.
On part en exil pour fuir la guerre, la famine, des conflits politiques ou familiaux ; on part en voyage pour découvrir le vaste monde, changer d'horizon. Mais pourquoi revient-on ? Qu'est-ce qui pousse Ulysse à abandonner Calypso et à retourner à Ithaque ? Pourquoi l'explorateur du bout du monde rentre-t-il chez lui ? Pourquoi quitter l'extraordinaire, l'aventure, le dépaysement pour retrouver le quotidien dans sa banalité ? Du désir de retour, les livres parlent peu. En français, d'ailleurs, il y a des mots pour désigner celui qui part (le voyageur, l'aventurier, l'exilé), non celui qui revient. Revenant ? Trop spectral. Rapatrié ? Celui-là n'a pas le choix du retour. Quant au « rescapé », ses épreuves passées intéressent plus que l'épreuve de son retour. Pourquoi ce manque, qui en dit long ? Et si revenir n'était pas le contraire de partir ? C'est à ces questions que Céline Flécheux tente d'apporter des réponses. En s'appuyant sur de nombreux exemples tirés de la culture commune, de Homère au Nietzsche de l'Éternel Retour en passant par la parabole du Fils prodigue et ses réinterprétations picturales, elle montre que revenir chez soi, c'est d'abord faire l'épreuve d'un retour à la vie normale. Mais c'est aussi et surtout revenir dans le temps.
De la Révolution française et du Premier Empire, on retient des batailles et des victoires. La France se serait agrandie grâce à ses succès militaires. Jusqu'à constituer, sous Napoléon, un Empire de près de 130 départements. Et si, loin d'être un phénomène guerrier, l'Empire était un phénomène politique et bien souvent pacifique ? C'est la thèse détonante d'Aurélien Lignereux qui rappelle dans ce livre que, contrairement à une idée reçue, le gain de territoires ne provenait pas des conquêtes, en soi insuffisantes, mais d'un processus administratif et politique lourd et complexe : la « réunion ». Autrement dit : il ne suffisait pas de gagner des guerres pour gagner de nouvelles régions. On découvrira avec stupéfaction la complexité des arguments avancés pour opérer le rattachement d'une population à la France. Laquelle charrient des phénomènes jamais identifiés : la francisation de tout un pan de l'Europe et la réciprocité de l'impérialisme puisque la France elle-même change lorsque des Piémontais ou des Hollandais sont nommés préfets à Bourg ou à Nantes ! Si le phénomène impérial a existé, il était bien moins militaire que politique. Napoléon déchu, des centaines de Belges, de Rhénans ou de Génois voudront, par exemple, redevenir les Français qu'ils avaient été sous la République et l'Empire. Un livre magistral d'intelligence, qui renouvelle en profondeur l'état des connaissances relativement aux guerres de la Révolution et de l'Empire.